Biennale du Marché d'Art Contemporain 2013 au Marin
le DIMANCHE 17 NOVEMBRE 2013
La Biennale du marché d'art contemporain du Marin 2013 aura pour thème la « Présence de l'Afrique dans l'Art des Amériques »
Le programme est à consulter dans l'agenda Martinique de Coconews.
Extrait du dossier de presse expliquant le choix de la thématique
La biennale d'Art du Marin se définit entre autre par sa vocation didactique et sa dimension pédagogique auprès d'un public populaire. Ainsi, chaque année nous entendons développer des thématiques, qui au travers du médium artistique abordent les réalités culturelles du bassin Caraïbe-Amérique. En ce sens, nos thèmes se doivent d'être abordables et compris par la plus large audience, afin d'inscrire le public martiniquais dans une démarche prospective sur sa réalité culturelle. Cette démarche une fois acquise, permettra la déclinaison de thématiques typiquement artistiques, dont nous serons certains de leur portée dans les années à venir, et de l'adhésion de tous au langage artistique dans l'intégralité de ses formes expressives. En ce sens, après le focus fait sur les civilisations amérindiennes lors de la dernière édition, nous mettrons l'accent cette année sur, la présence de l'Afrique dans la pratique artistique des Amériques et de la Caraïbe. Cependant, ce champ d'exploration est beaucoup trop vaste, pour espérer l'aborder dans la dimension purement esthétique de la pratique artistique. En effet, si nous sommes persuadés, par des faits historiques indiscutables que le substrat culturel africain s'insère de facto aux pratiques culturelles des régions précédemment citées, il n'est pas pour autant évident de définir d'un point de vue esthétique ces traces dans les pratiques artistiques des Amériques. De ce fait, nous intégrons en postulat, l'idée que tout individu qui crée dans un environnement culturel donné s'imprègne de toutes sortes des interrogations qui s'y manifestent. Ce faisant, le débat sur l'africanité dans ces régions, bien que déjà engagées depuis de nombreuses années, fait toujours sens, en ce qu'il anime des positionnements différents quant aux démarches artistiques observées.
Par exemple, à l'échelle locale, de jeunes artistes des années 60, ont constitué une démarche d'investigation autour de l'africanité, à l'image de l'Ecole Négro Caraïbe, dont le propos artistique fut clairement orienté vers l'apport de l'héritage africain dans nos spécificités culturelles, notamment pour sortir du joug de l'esthétique normative dite « occidentale ».
Cependant, nous ne voulons en aucun cas raviver des débats passionnés autour de ce propos, mais bien jeter une réflexion sur la présence culturelle africaine en Amérique.
S'éloigner du terme générique d'africain
En ce sens, parler de la présence de l'Afrique dans le domaine artistique, relève pour nous d'une analyse de l'existant, d'une occasion de mettre en abyme une réalité exprimée dans le domaine de l'Art. C'est regarder de quelle manière et par quel procédé, s'exprime dans cette partie du monde l'apport africain. En outre, c'est considérer l'Afrique dans sa pleine dimension continentale et accepter que des stigmates de flux culturels constants animent nos territoires, sans qu'on ait pour autant conscience de leur prégnance effective. C'est accepter de sortir de l'image d'une Afrique homogène, perçue dans une seule réalité historique, quant on sait que son essence culturelle éclectique et riche de fondements diverses s'expriment à travers le monde.
Par ailleurs, nous parlons bien de « présence » et non pas d'influence, ce qui signifie d'emblée qu'il n'y aurait pas l'idée rigide d'une culture dominante qui se ferait socle d'expressions artistiques modernes, la présence renvoyant à l'idée d'échange et d'acceptation. La présence étant un élément sous-jacent qui se distingue d'un ensemble de part son caractère propre. D'autre part, nous nous éloignons également du terme générique « Africain », qui englobe le « tout » d'une vision réductrice, voir rétrograde, cantonnant ce vaste territoire à une expression culturelle simpliste, bien souvent en désaccord avec sa diversité nourricière d'âme. Cette matrice culturelle que nous percevons, nous permettra une approche artistique originale d'une Afrique questionnée dans son ensemble, tant dans son apport contemporain que dans ces attributs historiques.
Déclinaison artistique de la présence africaine et syncrétisme religieux
De plus, il évident qu'à notre échelle régionale, cette question de l'africanité, aura permis à plusieurs formes créatrices telles que la poésie, la littérature et les arts plastiques de se jouxter, jusqu'à générer des rencontres fortuites telles que celles opérées entre Wifrédo Lam et Aimé Césaire (Annonciation) , Wifredo Lam et Edouard Glissant (La Terre Inquiete).
Par ailleurs, d'autres raisons beaucoup plus factuelles nous ont conduits à cette thématique. Il s'agit de la récurrence observée quant à la déclinaison artistique de la présence africaine, qui passe bien souvent par le syncrétisme religieux. En effet, force est de constater que dans de nombreuses régions de la Caraïbe tels que Le Brésil (Condemblé), Haïti (Vaudou), ou encore Cuba (Santéria), les artistes qui font état de leur héritage africain, l'exprime essentiellement par le biais du rite religieux qui met en relation croyance occidentale (catholicisme) et religions animistes.
Enfin, certaines régions dont nous sommes culturellement proches telle que la Guyane, témoigne d'une présence africaine significative de part les populations Boni, Paramaka, Djuka et Saramaka, dont certaines formes d'expressions plastiques tel que l'Art Timbé sont méconnus des martiniquais.
Cette nouvelle mouture de la Biennale du Marché d'art permettra donc au public martiniquais de mieux comprendre les éléments par lesquels se manifeste la culture africaine dans l'Espace Caraïbe Amérique, avec cet objectif de sortir des idées reçues et d'étayer son champ de connaissance au moyen d'une approche artistique diversifiée et accessible au plus grand nombre.